Le
Sénégal est un pays qui fonctionne par bulles, nous apprenait le Président
Senghor. Un jour, on s’empare d’un sujet on en parle comme si demain c’est la
fin du monde. Une chose est constante dans ces circonstances : la pauvreté
des débats qui résulte de la paresse intellectuelle et le manque de prudence
dans l’analyse qui nous caractérisent. Les commentaires qui ont suivi la
publication de l’article du journal Le
Monde en est la manifestation.
Je
souhaite faire une analyse de cet article avec un certain détachement partisan,
loin des passions du moment. Dans cette perspective, on ne peut faire
l’économie de parler du journal Le Monde
dont certains jugent crédible. Mon œil !
Stratigraphie : comprendre et analyser une ligne éditoriale
L’indépendance
et la crédibilité ont déménagé du monde de Le
Monde depuis la retraite de son « fondateur » Hubert Beuve-Méry
en 1969. La perte de l’indépendance de ce journal s’est faite de façon
progressive, due principalement aux naufrages financiers entre 1980 et 2000. Ce
sont ces difficultés financières qui ont conduit à sa recapitalisation avec
l’entrée massive d’hommes d’affaire sous l’œil complice de la Diplomatie
française. Cette collision entre hommes d’affaire, le quai d’Orsay et médias
français est connue, ce qui explique d’ailleurs la multiplication des médias
alternatifs en France et dans le monde occidental. Nous devons par conséquent
être prudents face aux informations qui nous viennent de l’Occident, surtout
dans un contexte d’opposition entre la Russie et ce même Occident.
De
plus la crédibilité du journal Le Monde
a été remise en cause lors des procès qui l’ont opposé aux Clubs du Real Madrid et du FC Barcelone. Le journal
avait accusé ces deux clubs de dopage. Le Tribunal a condamné Le Monde à payer 330,000 euros au Real
Madrid et 300,000 euros au FC Barcelone pour diffamation. Faut-il rappeler le
rôle de propagandiste de guerre que le journal semble assumé à travers son
éditorial daté du 18/09/2013, dans lequel son médiateur Pascal Galinier s’est
drapé du titre de « journal de combat » - combat pour qui et contre qui ? - pour justifier ses
positions pro-guerre en réponse à ses lecteurs qui ne comprennent pas sa
position d’hier anti-guerre d’Irak de 2003 et celle aujourd’hui de pro-guerre
par rapport à la situation au Moyen-Orient. Nous devons donc lire cet article
de ce journal avec des réserves légitimes.
Prospection : Anomalies d’un texte
Le
texte a toutes les caractéristiques d’un article commandité, écrit à la
va-vite, avec une volonté qui ne manque pas de perversité. Notons aussi les
erreurs factuelles indignes d’un journal qui s’autoglorifie d’être un
« journal de référence ». Un mythe qui a été dégagé par les
journalistes Pierre Péan et Philippe
Cohen à travers leur livre, La face cachée du Monde publié en 2003.
Dans
l’une des versions de l’article, on fait attribuer à Monsieur Lamine Diack les
propos suivants : « Il fallait à cette période [lors des élections
législatives et présidentielle de 2012, gagner la « bataille de Dakar »,
c’est-à-dire renverser le pouvoir en place ». Précisons que les législatives de
2012 se sont tenues après le départ du Président Abdoulaye Wade et la
« bataille de Dakar » a eu lieu en 2009 durant les municipales. L’article
parlera ensuite de ces locales de 2009, sans que l’auteur ne se rend compte de
sa bourde. La perte de Dakar ne signifie pas le départ du Président Wade à la
tête de l’Etat.
Toujours
dans cette même version, c’est l’auteur de l’article qui implique le Président
Macky Sall au début du texte mais pas Mr Diack, cela est visible car la phrase
est construite sans les guillemets. Un raccourci, une volonté perverse de nuire,
manipulation? La question mérite d’être posée la phrase qui
« mouille » le Président Macky Sall est absente dans la version
intégrale de l’ « enquête ».
Les
propos détaillant la version de Mr Diack sont : « Il fallait pour cela
financer notamment le déplacement des jeunes afin de battre campagne,
sensibiliser les gens à la citoyenneté. (…) J’avais donc besoin de financements
pour louer les véhicules, des salles de meetings, pour fabriquer des tracts
dans tous les villages et tous les quartiers de la ville…. ». Mr Diack
parle donc à la première personne et ne précise pas dans l’article les Noms des
adversaires du Président Wade qu’il a financés.
Dans
la dernière version, Le Monde fait
disparaitre la phrase impliquant le Président Macky Sall, avec des excuses. Une
chose reste constante dans le texte, l’implication à tout prix du Président Vladimir Poutine.
La volonté de manipulation est manifeste, guidée sans doute par une détermination à doper lectorat
à l’aide d’une substance connue dans le journalisme appelée Sensationnel. Nous
suggérons au journal Le Monde
l’antidopage appelé Déontologie pour faire revenir les lecteurs qui sont de
plus en plus rarissimes. Malgré les faiblesses de cet article, l’opposition a
trouvé un malin plaisir de l’exploiter et le PDS de crier au complot contre son
leader.
Validation :
Victoire Immaculée
Le
seul complot qui a eu lieu, est celui du 23 Juin 2011. Maître Wade était
l’investigateur et le perdant. Cette date signa le renversement de son pouvoir
et de son Parti. Les « financements » supposés de Mr Lamine Diack ne
peuvent être déterminants dans la chute du Président Abdoulaye Wade.
Le
théoricien de la constance et habitué au zigzag, Mr Idrissa Seck doit surtout
arrêter de croire que les Sénégalais sont amnésiques. Le signataire du
protocole de Rebeuss est mal placé pour revendiquer une quelconque éthique. Sa
jalousie maladive l’empêche d’avoir une lecture froide des résultats
présidentiels de 2012.
Rien
ne peut entacher la victoire immaculée du Président Macky Sall. Elle résulte de
l’effort physique et intellectuel du candidat Mr Macky Sall ; à cela il faut ajouter l’engagement sans
précédent des militantes et militants de l’Alliance pour la République. Entre
2006 et 2012, le Mr Macky Sall a fait
cinq (5) à six (6) fois le tour du
Sénégal. Son regard appuyé sur la communauté sénégalaise de la diaspora avait
convaincu nous autres, Sénégalaises et Sénégalais. C’est pourquoi, Nous n’avons
ménagée aucun effort pour le propulser à la tête de l’Etat. Nous avons mobilisé
la logistique, les frais d’hébergements et de transports de sa Campagne. Voilà
la clef de sa victoire du 25 Mars 2012.
Au terme
de ce papier, je dois dire que je suis gagné par un certain pessimisme à
l’endroit d’une partie de notre presse nationale. En plus d’être simpliste,
elle a manqué profondément de nationalisme et de patriotisme. Les balivernes
qu’elle nous a fait écouter et lire démontrent qu’elle est incapable de cerner
les enjeux et les défis de notre Nation.
PS :
Nous avons travaillé sur la version de l’enquête publiée 18/12/2015, la version résumée du 18/12/2015 et celle corrigée du 23/12/2015.
Saydou Bâ
Militant APR/ Denver, Colorado, USA
mamadoudenver@gmail.com