samedi 12 décembre 2015

Contribution :Restructuration de la Saed pour un retour à ses missions originelles

La Saed (Société d’aménagement et d’exploitation des terres du Delta) a été créée au début des années 1970, en tant que Société régionale de développement agricole, avec comme mission principale la mise en valeur des terres irrigables de la Vallée du fleuve Sénégal, et secondairement de la Falémé.
A l’instar des sociétés régionales telles que la Sodefitex, la Sodeva, la Somivicac, la Sodesp, elle avait la vocation de promouvoir le développement des sous-secteurs de l’agriculture stricto sensu, l’élevage, les eaux et forêts ainsi que la pêche continentale, selon une approche systémique, donc intégrée.
Mais de fil en aiguille, la Saed est devenue plutôt une société à vocation rizicole du fait des enjeux liés à la culture de cette céréale.
Il se trouve que celle-ci requiert des moyens colossaux en tous genres, un itinéraire technique et technologique complexe, des bras et un environnement très prenants, dont ont pâti les autres cultures et sous-secteurs.
Ainsi, la Vallée du fleuve, qui devrait être assimilée à la Californie, donc terre des fruits, des légumes, de l’élevage et d’autres céréales s’est retrouvée avec des milliers d’hectares de terres arables en friche, attendant une hypothétique  mise en valeur pour la riziculture, dont la promotion est plombée par le coût de ses aménagements (5 millions/ha), et d’amenée d’eau (pompage à l’électricité ou au gasoil) réduisant ainsi les opportunités pour les paysans de rentabiliser leurs exploitations et d’améliorer très sensiblement leurs revenus et leurs menus.
L’élevage, l’autre mamelle de l’agriculture, n’a jamais été prise en compte, de manière stratégique dans le cadre de la culture fourragère, de la production du lait et de la viande. C’est le même cas en ce qui concerne la pêche, ignorée dans la gestion des pêcheries, suite aux cycles de sécheresse, à l’après-barrage, aux aménagements hydro-agricoles et des mares et la pratique de la pisciculture intra-exploitations.
L’environnement, dans ses différents aspects tels que déforestation, reforestation, dégradation des terres, désertification, pollution, impacts sanitaires sur les hommes et les animaux, la biodiversité n’est pas suffisamment pris en compte.
Le rôle d’impulsion et d’accompagnement des entreprises de l’agrobusiness et des services connexes n’est pas très affirmé alors que d’importantes initiatives y sont menées. On peut citer les Grands domaines du Sénégal, Sen-huile/ Sen-éthanol, la Css, la Laiterie du berger, la Socas, l’Agropole de Mpal et d’autres projets publics ou privés plus ou moins connus (Pracas, Pgdis). Dès lors, il apparaît impérieux de redéfinir les missions de la Saed en restructurant son organigramme et en diversifiant son dispositif de terrain avec un renforcement conséquent en ressources humaines.
Ce nouvel organigramme pourrait comprendre les départements suivants :

Département des céréales et des cultures vivrières : Il s’occuperait de la culture du riz, des autres céréales, des légumineuses et des féculents.

Département de l’horticulture, de la foresterie et de l’environnement :
Il s’occuperait des fruits, des légumes, des fleurs, des plantes ornementales, aromatiques et médicinales, de la biodiversité, de la régénération des sols, de l’impact des cultures sur la santé des populations et des animaux et sur l’environnement (déforestation, désertification, pollution, salinisation). Il favoriserait également l’agriculture bio.

Département des productions animales :
Il s’occuperait de l’élevage par la promotion des cultures fourragères, de la valorisation des sous produits agricoles et  agro-industriels, de la production laitière, de la viande, de l’aviculture, de l’apiculture.
Le volet pêche comprendrait la restauration et la protection des zones de pêche, l’aménagement des mares et de la pisciculture.

Département de l’agro-industrie :
Il s’occuperait de la promotion et du suivi des activités agro industrielles liées aux produits des paysans encadrés par le Saed ou non.
Par ce biais, la Saed favorisera l’émergence de parcs et de plateformes agroindustriels et agropolistiques intégrés.
Ainsi restructurée, la Saed pourra jouer un rôle moteur dans le développement de la Vallée et des zones attenantes que sont la zone sylvopastorale, le Gandiolais et pourquoi pas sa façade fluviomaritime qui n’attendent qu’un appel d’air puissant de sa part pour décoller. Pour ce faire, la Vallée du fleuve Sénégal doit être érigée en une zone de priorité agricole, avec la Saed comme acteur principal de son aménagement.

Dr Abou Mamadou TOURE
Responsable politique Apr Ndioum et Podor
Président d’honneur de l’Ordre des Docteurs Vétérinaires du Sénégal
Ancien Directeur de la Protection et de la Surveillance des  Pêches du Sénégal
 Ancien Directeur de l’Elevage du Sénégal
Ancien Président du Comité National sur la Biodiversité
Ancien Pca de la Société d’Exploitation de la Société Nouvelle des Conserveries du Sénégal
Ancien Conseiller technique à la Primature en charge des domaines de l’Agriculture, de l’élevage, de la pêche et de l’environnement
Ancien membre des Ca de la Saed, de l’Ancar et de l’Ana

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