vendredi 25 mars 2016

Pourquoi le politicien doit-il souffrir seul pour toute une société malade ?

Menteurs, manipulateurs, détourneurs, hypocrites, truands, escrocs, imposteurs, colporteurs, médisants ,fourbes, égoïstes, amorales, égocentriques, ingrats, narcissiques ….la liste est loin d’être exhaustive, difficile même d’énumérer les qualificatifs qui illustrent les mots par lesquels les sénégalais désignent-ils les hommes politiques pour qualifier leur perception sur la personnalité de ces derniers.

  Au Sénégal entrer dans l’arène politique est comparée à l’obtention d’une « Green card » qui autorise le séjour au « royaume du mensonge »et à juste titre : la transhumance, l’incohérence dans le discours, le reniement de la parole donnée, des acteurs politiques qui se révèlent être de vrais comédiens aptes à pleurer là ou  il faut rire et de rire quand il faut pleurer.

Des gens capables du chaud et du froid à la fois, détourneurs patentés de deniers publics. Des hommes aux positions à géométrie et à l’arithmétique variables, qui peuvent persécuter à mort un ami dans la difficulté qu’ils traitent de tous les maux, mais qu’ils élèvent sans vergogne et par la même bouche à la dignité de saint des saints au moindre changement si jamais la même personne devient Président.
Alors, « Politiki magni », « la politique est sale », « ils sont tous les mêmes », « Ne les écoutez pas » tels sont entre autre les formules recommandés pour se prémunir des fourberies de ces hommes espiègles et dangereux.

Mais seulement et c’est ça le problème la société qui les a enfanté n’est pas exempt de tout reproche et sinon l’on pourrait dire qu’elle s’acharnerait même sur les défauts des hommes politiques pour cacher ses tares. Car en réalité et à l’évidence, il faut le constater pour oser le dire que nous vivons au quotidien tout le mal que nous reprochons à la classe politique.

Nous le vivons à travers les milliers de tailleurs qui ne respectent presque jamais le contrat signé avec le client venu reprendre à l’atelier son tissu déposé il y’a plusieurs mois sans être cousu.

Des tares perceptibles c’est le bijoutier qui ne rend jamais l’or du client ou encore comme chez le chauffeur qui ne dit jamais sa destination précise et dont le voyage fini toujours par le fameux « yakalé ».

C’est le cas du commerçant pressé d’augmenter automatiquement les prix de sa marchandise aussitôt que le pétrole et dollar sont en hausse mais qui rechignent à les baisser quand les prix mêmes produits chutent au niveau international. Que dire de l’enseignant qui se met à s’envoyer à l’air et avec une fille qu’il était susceptible d’encadrer et d’éduquer ? De cette femme mariée qui se soulage tous les jours chez le maçon du coin ou qui offre sa fille en appât chez boulanger pour s’assurer son pain du jour.

Et ce militant qui exige de l’argent en exerçant un chantage sans commune mesure sur les hommes politiques avant le passage aux urnes. Est-il plus saint que celui qu’il corrompt ? Que dire de cet étudiant, logé, nourrit, dans un appartement à côté de l’université, que l’on transporte à bord de cars climatisés mais qui votent contre leur bienfaiteur une fois arrivé au village ? Terminons par ce journaliste dont la plume est objet de rançon pour déplumer une personnalité public en mauvaise posture dans l’actualité afin de l’épargner des désagréments d’un article fâcheux.

 Vers  court -on pour se faire atténuer sa souffrance quand on se sent lésé?vers ce tribunal  qu'un avocat célèbre accusé de corrompu sans être démenti .Là   on peut être battu et emprisonné à cause d'un certificat médical fallacieux offert à ton bourreau par un médecin véreux moyennant quelques francs. 

De la morale et de l’éthique, Qu’est-ce qu’il en reste véritablement dans notre société ? A longueur de journée les médias nous mettent à leurs unes des faits divers devenus ordinaires : des parricides, des meurtres, des viols, des actes contre nature, des faux billets en milliards d'espèce, de saisie de drogue qui occupent  et se bouscules sur presque toutes les pages de nos journaux.

A la décharge de l’homme politique reconnaissons que l’homme tout court  né bon ou mauvais ,digne ou totalement sans aucun sens moral ,s'altère davantage ou se réajuste par la suite par l'éducation et la culture qui l'entoure ,et c’est seulement après  avec ses qualités ou ces défauts innés ,qu’il devient étudiant ,tailleur ,bijoutier ,maçon, chauffeur , enseignant , journaliste et bien évidemment …..Politicien. Et chacune des activités est animée parfois par  de bons  et loyaux professionnels  mais aussi par des amateurs subversifs et malhonnêtes.

Alors ne pas faire la politique, parce qu’elle « est sale » ou avec tout autre prétexte revient logique pour logique à amener le dit « apolitique » à déménager de la cité pour la forêt car c’est justement la société qui elle-même constitue une poubelle ambulante.

C'est illusoire de croire que la question de démence politique peut se soigner  sans un "ndeup" généralisé de la société car c'est tout son système qui se trouve attaquée par des maux de tout bord 
Si l'on ne s’exile pas et que l'on décide de vivre parmi les "animaux civilisés" alors deux seules alternatives s'offrent à nous: faire la politique qui peut ma-fois peut être une entreprise exaltante de participation active au progrès de l’humanité de son peuple et de son pays , ou accepter lâchement de se laisser se faire par la politique sous le masque sournois , hypocrite  et ingrat d’un « apolitique » qui se fait nourrir ,vêtir ,soigner et éduquer par les efforts douloureux de l’homme politique qu’il  méprise et remercie par des injures.

Adama Gaye







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire