vendredi 31 octobre 2014

POLITIQUES PUBLIQUES - Manque de cohérence : Principal obstacle à l’autosuffisance

Si le Sénégal n’a toujours pas atteint ses objectifs d’autosuffisance alimentaire, les raisons sont à chercher dans le manque de cohérence des politiques publiques qui ont été menées jusque là. Une tare dont le Programme d’accélération de la cadence de l’agriculture (Pracas) s’est départie.
Pendant de nombreuses années, le Sénégal a cherché à atteindre en vain son autosuffisance alimentaire. «Vous le voyez derrière moi, ce sont des étendues de champs de riz qui peuvent être multipliés à l’infini tant le potentiel existe. Ce qui a toujours manqué, c’est la cohérence dans les choix politiques et l’appropriation par l’Etat au niveau de la vision et des politiques qui sont mises en œuvre pour atteindre les objectifs», analyse le Président Macky Sall, debout à la lisière d’un champ de riz. En visite au périmètre de Matam dans le cadre de sa tournée économique, le Président souligne qu’avec la mise en œuvre du Pracas, toutes les conditions sont réunies pour atteindre les objectifs fixés sur un horizon de 3 saisons. «Aujourd’hui, je vous dis que le président de la République que je suis a décidé d’assurer l’autosuffisance en riz du Sénégal. C’est ça l’engagement, c’est ça la politique et c’est ça que nous mettons en œuvre», déclare Macky Sall, qui estime que si, depuis l’indépendance, tous les Sénégalais ont entendu ce slogan, rien ne permettait jusqu’ici d’atteindre l’autosuffisance. Aujourd’hui, soutient-il, «nous avons dépassé le stade de préalable. Nous sommes dans la mise en œuvre du Pracas. Nous avons mis dans le budget de cette année, 20 milliards de francs Cfa pour l’aménagement remis à la Saed». De plus, des mesures d’accompagnement sont prises pour encadrer la production. «Pour atteindre l’autosuffisance, il faut aménager de nouvelles terres, remettre à niveau les terres existantes et créer les conditions de semences certifiés qui donnent une productivité qui est déjà excellente au Sénégal. Nous avons les rendements les plus élevés au monde. Ce n’est pas pour rien que j’ai appelé le ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural». Selon Macky Sall, «il faut passer à une phase nouvelle de mécanisation. Avant, tous ces champs étaient traités à la main et on ne peut pas, avec de telles conditions, avoir l’ambition d’avoir l’autosuffisance». C’est dans ce cadre que s’inscrit l’arrivée prochaine «d’un lot très important de matériel exonéré, hors taxe et hors douane», ainsi que de nouvelles lignes de crédits qui contribueront à l’atteinte de ces objectifs. «À partir du moment où nous avons mis en place une mécanisation, nous mettons également en œuvre un crédit agricole pour prendre le relais et assurer la commercialisation. Il reste bien entendu, d’autres mesures d’accompagnement», convient le Président qui avoue être tombé sous le charme du riz local. «Hier, pour ne rien vous cacher, j’ai testé ce riz. J’ai dit à mon équipe que je ne veux pas manger du riz importé pendant ma tournée et au-delà, nous allons voir. Nous allons prendre de nouvelles mesures et vous allez être surpris. Maintenant que nous avons la possibilité de manger du riz entier, de produire localement du riz brisé selon la volonté des consommateurs, il faut faire un petit effort pour accompagner les activités de productions nationales».
20 000 ha aménagés chaque année
Déjà, sur le budget de cette année et celui de l’année à venir, ce sont 20 milliards de francs Cfa qui sont prévus chaque année pour réaliser des objectifs de 20 000 ha de nouveaux aménagements chaque année. «Les producteurs sont engagés aujourd’hui et c’est l’autre aspect. Ce n’est pas l’Etat qui va produire le riz, ce sont les groupements de producteurs qui demandent plus de terres. Des terres qui étaient restées, jusque là en jachère. Il y a deux ans que nous avons décidé de changer de méthode d’aménagement, d’équiper les groupements et de mettre les ressources qu’il faut de façon à réaliser chaque année 20 000 ha de nouveaux aménagements. Et cet objectif sera atteint s’il plaît à Dieu», souhaite Macky Sall. Il précise en outre que ces objectifs se feront avec les petites exploitations familiales. «Il n’y a pas de paysans du dimanche ici. Ce sont des paysans de tous les jours qui sont là et qui gèrent eux-mêmes leurs casiers. Ils assurent la production de riz. Ce qu’ils disent simplement, c’est qu’ils ont besoin que la production soit écoulée».
mamewoury@lequotidien.sn
(envoyée spéciale) 

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