a
Ecole des Bibliothécaires, Archivistes, et
Documentalistes
De l'Université de Dakar.
Colloque International sur "les bibliothèques
nationales en
Afrique francophone subsaharienne au XXI eme siècle.
( Les 4,5 et 6 Rabii al Awal 1424; correspondants aux 5,6
et 7 mai 2003)
Thème général: "Une
Bibliothèque Nationale, des collections d'intérêt national, des tâches
spécifiques"
Manuscrits africains anciens.
Cette communication
est constituée de trois parties:
- Une première partie qui traitera des questions de référence relatives aux
manuscrits: qui? par qui? quoi? Comment? où? Autant d'interrogations qui établissent la carte
d'identité de notre sujet: le manuscrit.
- Une deuxième partie essayera d'établir la "traçabilité" ( pour
user d'un néologisme à la mode, même si c'est dans un tout autre domaine) des
manuscrits "africains", tant à l'extérieur qu'à l'intérieur de notre
région concernée.
- Une troisième partie qui se consacrera à l'examen des états des lieux à l'heure actuelle de ces
collections et les perspectives de leur sauvegarde et/ou valorisation. Cet
élément de l'exposé privilégiera le contexte spécifique mauritanien; par souci
pratique et, de surcroît, c'est le cas
que je connais le mieux.
-
Première partie: Questions de Référence.
Qui? Du manuscrit le Petit
Larousse donne la définition suivante: "ouvrage écrit à la main". En
Afrique francophone – et anglophone- subsaharienne, "le manuscrit
ancien" se confond naturellement avec l'islamisation de la région, l'émergence d'une élite locale arabophone,
l'usage de l'Arabe comme langue de communication et de culture et de son alphabet pour transcrire les langues soudanaises.
Par qui? Ce manuscrit
africain est souvent un original ou une copie (conforme ou commentée par un
exégèse) d'une oeuvre d'un auteur de "Dar el Islam", autre que
l'Afrique subsaharienne. Il émane,
quelquefois, d'un auteur de la région soudanaise. Et il est possible
d'assimiler à ces deux catégories les traductions et la publication de la
mémoire écrite ou orale ouest africaine par des européens, anciens ou contemporains,
et par certains de leurs collaborateurs africains.
Quoi? Les thèmes de ces
manuscrits, et les degrés de leur intérêt,
varient suivant les régions d'origine de leurs auteurs.
-Ainsi les manuscrits écrits par des
soudanais adressent-le "Figh" ou droit musulman ( Sunnite et
malékite) ou les enseignements liturgiques. Mais leurs centres d'intérêt
restent incontestablement les chroniques des événements locaux, les biographies
des notables temporels ou spirituels, les "Rihal" ou voyages (souvent
vers Jérusalem, Médine et la
Mecque), et des exposés sommaires du savoir local ( théories
de médecine, pharmacopée, astrologie, astronomie etc.)
-Les manuscrits en provenance( au gré des
voyages et des transactions diverses) du reste du monde musulman
d'alors, sont, souvent, des copies du texte ou des exégèses du Coran, des
recueils des traditions ( "hadith" ou "sounnah" du prophète
Mohammed, PSL), du "Figh" et des traités de sciences profanes de
l'époque(médecine, géographie, astrologie, métrique poétique et autres lettres,
astrologie, mathématiques etc.)
Comment? L'écrasante
majorité des manuscrits subsahariens sont
en langue arabe. Toutefois, pour une partie, même si les caractères
arabes sont utilisés, est rédigée en des langues soudanaises: bambara dioula,
Soninké, Sonhray, wolof, mais surtout Poular et haoussa; en plus du tamacheq.
Où? Ces manuscrits
appartiennent, encore, à des personnes physiques (individuellement ou
collectivement) ou morales( Etats, congrégations de confréries, institutions
etc.) ouest africaines.
- Ces collections sont, le plus souvent, des propriétés familiales et, de ce fait, dorment dans les
"bibliothèques" du clan ou de la tribu si on peut appeler ainsi les
malles, armoires rudimentaires et coins de chambres qui servent de
"refuges" pour ces trésors. Des collections sont mieux conservées
dans les instituts publics ( héritières pour certaines des antennes
territoriales de l'Institut fondamental d'Afrique Noire.) ou privés, plus rarement,
et des bibliothèques publics ou privés, des universités, Ecoles supérieures ou
"Mahadrah."
- D'autres par les hasards des colonisations et des émigrations ou, plus
récemment, par rachat licite ou illicite enrichissent des bibliothèques en Europe Occidentale et
aux Etats unis, mais aussi en Afrique du
Nord, Moyen-orient, Japon etc.
- Deuxième partie: Localisation géographique.
a)
A l'extérieur
de la Zone
soudanaise la grosse part des manuscrits de l'Afrique francophone subsaharienne
sont en Occident: France(Notamment les 518 "manuscrits arabes"
inventoriés de la
Bibliothèques Nationale de Paris et les 223 pièces du Fonds
de Gironcourt à l'Institut de France etc. ), Grande Bretagne( British Muséum et
Oxford Library etc.), Etats unis (
diverses bibliothèques d'universités et notamment Harvard, Chicago etc.),
Bibliothèque du Vatican, plusieurs bibliothèques d'universités espagnoles
(Barcelone, Salamanca, Escorial etc.), portugaises ( Torre de tombre),
allemandes (Tübingen).
b)
Une autre partie des manuscrits soudanais
expatriés se trouve dans le monde arabe: en Egypte (notamment certains
manuscrits provenant de l'actuel Mali et le "Fonds Mohamed Mahmoud Ould
Tlamid Torkzi Chinghitti" dit Chin Chin); à la Bibliothèque Nationale
d'Alger (notamment "le Fonds Ben Hamoud des manuscrits de Tombouctou); à la Bibliothèque Générale
du Maroc à Rabat (ou sont catalogués les manuscrits maliens du " Fonds
Archinard") et à la
Bibliothèque de la faculté des lettres et sciences humaines
de l'université Mohamed V, à Rabat qui renferme plusieurs collections,
dont un fonds de monographies et autres manuscrits sur l'histoire de Bilad
Chenghett ( les pays maures).
c)
Les
manuscrits restés en Afrique subsaharienne anglophone se rencontrent au Ghana (un à deux mille manuscrits
inventoriés et catalogués par l’Institute of African Studies de l’Université du
Ghana) sur les Cinq à Dix mille, que compte le pays, suivant l’estimation faite
par M. Vincent Monteil en 1965. Le Nigéria qui s’est doté de nombreuses institutions
de conservation et d’exploitation, en plus de ceux qui existaient du temps
colonial, dispose de milliers de manuscrits (ouvrages traitant de tous les
sujets et documents archivistiques importants pour l’histoire) dans des
instituts, centres et bibliothèques à Abadan, Ifé, Kaduna, Kano, Lagos, Sokoto,
etc. et dans les bibliothèques privées des héritiers de grandes familles
musulmanes Haoussa – Foulani et Yoruba du Nord et de l’Ouest.
d)
Mais pour en
revenir au sujet du thème de notre entretien, quatre pays de l’Afrique
subsaharienne francophone retiennent l’attention car ils détiennent la
quasi-totalité des manuscrits de l’ancienne Afrique occidentale française. Il
s’agit du Niger, du Sénégal, du Mali et de la Mauritanie. Ces
pays, terres d’Islam depuis plusieurs siècles ont toujours compté, et comptent
encore, des générations d'érudits qui ont une parfaite maîtrise du savoir
religieux et de la langue arabe. Ceci explique l'impressionnant héritage qu'ils
ont légué, produit de leurs passions de documentalistes ou de leurs écrits
Nous examinerons, avec vous, ainsi qu'il
suit, la richesse en manuscrits de ces pays:
- Le Niger. Le siège des anciennes
assemblées territoriales puis nationale abrite la plus grande partie de la
collection publique du pays. Depuis 1935, M. Boubou Hama, qui présidera, plus tard,
l'organe législatif nigérien a rassemblé 1500(mille cinq cents) manuscrits. La
plus ancienne pièce de la collection, trouvée chez une famille d'origine arabe
à Tahoua, est un traité d'astrologie: le "Kitab al Anouar" ( Livre
des lumières), d'un certain Ahmed Babe
Alibas. Elle contient, un exemplaire en
Peul du fameux " kitab"( le
Livre) d'Ousmane Dan Fodio, des manuscrits en haoussa, oeuvres de savants et
marabouts du Nigéria et des manuscrits rédigés en adjanni peul du Burkina
Fasso. Une autre pièce rare du Fonds rassemblé par le Président Hama est le
volumineux manuscrit, trouvé également à Tahoua, de 546 pages collectées et
commentées par le savant maure Cheikh Sidi al Mokhtar al kounti sur toute la correspondance
entretenue entre les membres de la tribu des Kounta du Niger et les tribus
sahariennes de l'Azawad ; De la
Mauritanie, du Sahara Occidental, le sud marocain et le
sud-ouest algérien. Cette collection renferme l'original d'une très intéressante
monographie sur les origines et le développement de la puissante confédération
tribale maure des R'gaybatt. En plus de ce Fonds d'une grande richesse, il
existe à Niamey deux autres centres qui détiennent d'importantes collections de
manuscrits en arabe, haoussa, peul, djerma, etc. Il s'agit du centre national
de Recherches et des sciences humaines (l'ancien centre Ifan de Niamey crée dans les années quarante et qui
publiait, entre autres activités, les "Etudes nigériennes") et le
centre de manuscrits arabes et étrangers crée en 1962. Ce dernier centre
rassemblerait à ce jour 3 600 unités réparties entre les sujets suivant: texte
et sciences du Coran, traditions du prophète ( "hadith" et
"sira"), chronologies, monographies, biographies, lettres;
"figh", médecine, "rihal"( voyages) etc.
- Le Mali. Mohamed Hassan al Wazzan, que la
chrétienté connaît par son nom de captivité Léon l'Africain, à son retour de périple des Futurs Mali et
Mauritanie, dans "Description de l'Afrique", écrivait en 1550:"...
A Tombouctou, le commerce du livre est... de loin plus lucratif que celui de n'importe quelle
marchandise..." Né six ans plus tard à Tombouctou précisément, le
"Mufti" et savant pluridisciplinaire Ahmed Baba écrit dans son
ouvrage "Kifâyat al-Mouhtâj": " Je suis au sein de ma
famille, celui qui possède le moins de livres. On m'a enlevé 1600.."
Bigre! Et les autres?
L'éminent spécialiste du manuscrit ouest-africain
John Hunswick, qui dirigeait dans les années soixante le " Centre of
Arabic Documentation (CAD) , au sein de l'institute of African Studies (IAS) de
l'université d'Ibadan au Nigeria et actuel membre du "departement of
history of the Northwestern University" dans l'Illnois, écrivait
récemment: "The Niger Bend is to West Africa what the Nile valley is to Egypt;
an ecological treasure and a civilizational magnet"(Le coude ou courbe ou
boucle du Niger est à l'Afrique de l'ouest ce que la vallée du Nil est à l'Egypte; un trésor
écologique et un aimant de civilisation.) Fort bien et fort justement dit. Cette région a vécu un islam intellectuel
florissant en ses empires (Mali, Sonrghay, Macina, Torodo etc.), ses cités(
Djenné, Gao, Hamadalaye, Nioro, Tombouctou, Ségou etc.) Le Mali actuel ou
soudan occidental (Le "Bilad es-Soudan" ) est la patrie d'une pléthore
de "faghih", "ouléma","alama",
cadis émérites (Ahmed Baba de Tombouctou, cadi Mahmoud ben Oumar de Tombouctou,
Abderahmane Es-Saadi, Mahmoud Kati etc. entre centaines de penseurs de génie.)
Tant d'opportunités justifient les déclarations émerveillées et, expliquent
la diversité, le grand nombre et
l'importance que constituent, pour l'histoire de l'ensemble de l'Afrique de
l'Ouest et de ses relations avec le Maghreb occidental, les manuscrits de la République du Mali.
S'il est difficile de se hasarder à fournir une
évaluation exacte du nombre total de ces manuscrits, il faut citer l'UNESCO qui
estime les trésors de la seule région de Tombouctou à 60.000 (soixante mille)
unités. Ce chiffre est ramené à 40.000 (quarante mille) par Mohamed Gallah
Dicko directeur général de l'institut des Hautes Etudes et de Recherches
Islamiques Ahmed Baba(dont il sera question plus loin) et constitue, vraisemblablement, les trois
quarts de l'ensemble malien. Les documents élaborés par des auteurs locaux en
sont la minorité, mais le témoignage qu'ils fournissent de la mémoire passée de la région en accroît
énormément l'importance. Cependant ils varient pour leur intérêt historique et
pour leur volume. En effet, Certains
ouvrages, en un ou plusieurs tomes, décrivent des événements cruciaux:: les
oeuvres de Al Kati, Ahmed baba, Es-Saadi ou les chroniques sur la Dina Peul du Macina etc.
D'autres documents d'un, deux ou trois feuillets seulement, consignent de
simples actes de vente d'or, fer, cauris, tabac, plumes d'autruche, sel,
tissus, bétail céréales, mais aussi des actes fonciers, des ventes de manuscrits et, même, d'esclaves. Ces
manuscrits sur le commerce lèvent le voile sur le commerce transsaharien au
Moyen Âge, et, aussi, les activités commerciales et culturelles au début du 20
eme siècle des marocains à Tombouctou.
A l'instar des autres pays de la
région, il existe au Mali beaucoup de moyennes et petites collections
familiales de manuscrits divers. Nous citerons comme exemple celle de la
famille Kel es-Souk à Bougbea (nord-est) de Tombouctou qui possède 600
manuscrits arabes. Il est vraisemblable que dans les villages et campements de
l'Azawad subsistent des dizaines de bibliothèques en danger...
Au Mali, en plus des grandes collections, existent trois autres centres
secondaires à Gao; Kayes et Ségou, totalisant 9000 manuscrits. Rappelons, pour
les curieux que la centaine de manuscrits saisis de la bibliothèque de Cheikh
Hamahoullah Ould Seydna Oumar par
l'administration coloniale, lors de l'arrestation du cheikh, ont été restitués,
après les indépendances à la bibliothèque dé la confrérie à Nioro. Cette
modeste bibliothèque compte seulement quelques centaines de pièces écrites et
acquises aux XIX° ET XX° siècles.
- Sénégal: Plus de la moitié des manuscrits
estimés du Sénégal (10.000 ? au total) sont conservés à l'ancien IFAN, devenu
l'Institut Fondamental d'Afrique noire- Cheikh Anta Diop (IFAN-CAD).
Le reste des collections, sont la
propriété privée de lettrés en arabe, l'héritage familial, notamment dans la
vallée et au Waloo, dans les bibliothèques des confréries ou des associations
culturelles islamiques.
L'IFAN-CAD a le privilège de disposer de quatre fonds exceptionnels dans
son département "manuscrits" fondé depuis 1965, et qui sont:
a) Le Fonds Brevié;
b) Le Fonds Figaret;
c) Le Fonds Viellard:
d) Le Fonds Kamara
L'examen
du contenu des "Fonds", en la troisième partie de cet exposé, donnera
une idée exacte de la très grande importance historique. La contribution de
sénégalais et les efforts
"d'exhumation", de traduction et d'impression de pièces rares par des
"orientalistes" ou administrateurs français au Sénégal, rend ce pays
incontournable pour l'étude du manuscrit africain. Les Sénégalais, entre autres
ont pour nom Yoro Diaw pour ses"Cahiers",Amadou Wade pour son Geste,
Siré Abass Sow pour son manuscrit et Cheikh Moussa Kamara pour son abondante production,
absolument inégalable. Les Français concernés sont Faidherbe,
Binger, Gaden ,Delafosse, Houdas et Clozel, en plus de l'équipe de l'Ifan
:Mauny, Charles et Vincent Monteil en particulier.
- Mauritanie:
"Les tribus nomades...qui parcourent le désert mauritanien n'étaient pas
seulement formées de riches marchands, mais également par des hommes d'études,
des savants et des lettrés qui nous ont transmis des écrits concernant tous les
domaines de la connaissance humaine: c'était le monde de "l'université des
sables", une université itinérante à chameau..." s'étonne une
italienne, Mme Laura Alunno, attachée culturelle de l'ONG Africa 70, en
découvrant la "Mahadrah", cette université itinérante et se
outil didactique, les dizaines de milliers de curieux manuscrits. Il
existerait sur le territoire
mauritanien 300 bibliothèques de familles, clans et tribus. La quasi totalité
de ces manuscrits sont propriété d'
individualités et collectivités maures ou poular. Cependant, certaines
collections existent en milieux soninké et wolof.
L'Institut Mauritanien de Recherches
Scientifiques( IMRS crée en 1974
a pu rassembler, à lui seul et par rachat) prés de 7.000
manuscrits. Un autre établissement public, l'Institut Scientifique d'Etudes et
de Recherches Islamiques (ISERI) en a racheté, lui, prés de 4.000 pièces. Le
reste, entre 80.000 et 90.000 mille unités dorment, dangereusement menacées par les intempéries, les insectes;
la brutalité des usagés, la piraterie et l'oubli!!!, dans des "bibliothèques"
privées ou ce qui en tient lieu....En dehors de Nouakchott et les deux centres
publics précités, les villes qui abritent des bibliothèques privées les quatre cités caravanières et certaines
capitales de "Wilaya" ou de "Moughata'a"
importantes culturellement. Cependant l'exception existe concernant des agglomérations, rurales
et nomades, que nous verrons plus loin. A titre d'exemple à Chinguetti et
ouadane, villes décrétées patrimoine de l'humanité par l'Unesco la seule
bibliothèque privée (il en existe 34 autres)
de la famille Habott conserve
prés de 1500 manuscrits dont certains sont pièce unique dans l'ensemble de
"Dar el Islam."
Autre exception du
manuscrit mauritanien est sa production, pour les trois quarts, par des auteurs
mauritaniens. Ces manuscrits écrits localement sont: des anthologies en arabe
classique ou en arabe parlé mauritanien ("hassaniya"), "nawazel,"
"fatawa," chroniques, traités de sciences et techniques
traditionnelles locales, monographies tribales, biographies,
"rihal," correspondances, jugements de cadis, testaments etc. Ils
existent aussi des milliers de manuscrits archivistiques qui ont trait aux
seules transactions commerciales et bancaires: reconnaissances de prêts; actes
de ventes, contrats de services.
- Troisième Partie : Contenu, état
des lieux et perspective.
1)
CONTENU.
1.1 Sénégal. Ce contenu des collections sénégalaises
concernera les manuscrits proprement dits et les "manuscrits"
assimilés.
a) "Manuscrits" assimilés. Il s"agit du
travail d'Européens, qui ont compilé, traduit et imprimé des manuscrits et des
traditions orales en langues soudanaises (poular ou wolof). Ce sont:
- Béranger-féraud, contes populaires de la Sénégambie, éditions
Leroux, Paris,1880;
- Binger, Louis( 1856-1936, ordonnance et
"nègre" de Faidherbe), langues sénégalaises en 1886:
- Clozel, Marie-François (1860-1918, diplômé d'arabe à l'
ELOV, gouverneur général de l'AOF,
en 1915-17, à l'origine de la création du BCEHS de l'AOF en 1915);
- Delafosse,
Maurice( 1870-1926, diplôme de l'Elov, et professeur des langues soudanaises),
Chroniques du Fouta, à partir du manuscrit de Siré Abass Sow, ed. Leroux,
Paris, 1913:
- Dezeltner,
Franz, Contes du Sénégal et du Niger, Leroux, Paris 1913;
- Diaw (Dyao)
Yoro,(1847-1919, chef de canton et écrivain)" cahiers de Dyao Yoro"
sur l'histoire du Cayor, et sur le
Oualo;
- Equilibicq,
François-Victor, "essai sur la littérature merveilleuse des noirs, Tome I,
ed. Leroux, Paris, 1915","Contes indigènes de l'ouest africain, Tome
II, ed. Leroux Paris 1919" et " la légende de Samba Guéladio Diegui,
prince du Fouta; ed.NEA, Abidjan, Dakar, Paris,1984";
- Faidherbe,
Louis,(1818-1889), langues Sénégalaises;
- Gaden, Henri
(1867-1939, commissaire, puis gouverneur de Mauritanie, 1917-1927)Tezkirett en-Nissian" en 1912-13-14," Glossaire des chroniques du Fouta en
1925", "Proverbes peulhs et toucouleurs en 1931";
- Houdas, Octave
(1840-1916, professeur d'arabe à l'Elov), traduction et impression de
"Tarikh es-Soudan" en 1898, du "Tarikh el Fettach" en 1913
et "Tezkirett en-Nissian" en
1912-13-14;
-
Steff(capitaine), "Histoire du Fouta Toro", Rapport inédit dans les
Archives du Sénégal.
- Wade,
Amadou(1886-1961, Wolofophone) "Chroniques du Waloo sénégalais
1185-1855", traduction Cissé Bassirou en 1941, publiés et commentés par
Vincent Monteil.
b) Manuscrits
"autochtones" de l'IFAN-CAD de caractère et de très grande importance
historiques ( d'après l'anglais Charles Smith en 1959):
- Chronique de
Walata(958-1329 H.) par Mohamed al Mustapha Ben Oumar Ben Sidi Mohamed ( copie
en date de 1329H, 1911AD, Fonds Brevié 6);
- Histoire
anonyme d'El Hadj Omar(FB 2);
- Miracles
d'Ahmadou, fils d'EL Hadj Omar(FB 12);
- Consultation
juridique (fatwa)du Cheikh Mokhtar ould Ebi Bark al Kounti: sur la différence
entre le butin et le vol(FB 18);
- Copies(datées
de 1840) d'une correspondance entre Mohamed Bello émir haoussa-fulani de Sokoto
et l'émir Ahmadou du Macina (FB 17);
- Lettre de
Mohamed al Maghîli à l'Askia Mohamed: deux copies, datées de 1715 et de 1822(FB
20 et 22); sept questions posées par l'Askia Sonrai(1493-1528), au théologien
algérien al Maghilî au sujet de "takfir"(apostasie);
- Histoire du
Fouta-Djallon par Modi Diallo Ben Modi Abdallah; copie datée de 1287H, 1870 AD(
FB 27);
-
"Tedhkirett en-Nissian": copie du texte de 1751, édité et traduit par
Houdas ( voir plus haut);
- Copie datée de
1855, du" Tezyîn al
waraqât"d'abdallah Dan Fodio
(frère d'Ousmane);
- Sur l'histoire
du Mali et du Tekrour, compilation sur les oeuvres de Ja'far ben al Mehdi avec
traduction jointe (FB 5);
- "Infâq al maysûr" de Mohamed
Bello. Le texte a été édité par
Whitting en 1949.(FB 14);
- Les huit
premiers chapitres du "Tarikh es-Soudan"( FB25).
c) Manuscrits
"autochtones" du Fonds Viellard (L'inventaire de cette collection )
été faite, en 1966, par le spécialiste guinéen Thierno Diallo. Elle concerne le
Fouta Djallon, le Niger et le Macina. Citons parmi ses curiosités le
"Tarikh" des peuples de Guinée et un coran bilingue arabe/peul.
d) Fonds Cheikh Moussa Kamara.
Cette collection déposée à l'IFAN-CAD comprend:
1) manuscrits de caractère historique.
- "Tarikh " de Dara sur les Zagawa( 4
feuillet manuscrit Ifan 8);
- Auto-biographie (64 feuillets mss.1);
- Exhortations des partisans du "jihad", (36
feuillets mss 95);
- Chefs maures et peuls du Fouta de 1937 (183 feuillets,
mss.5 et 134 feuillets mss.6);
- La vie d'El Hadj Oumar de 1935,(97 feuillets,
mss.9); traduite de l'arabe par le professeur Samb Amar et publiée dans trois
numéros successifs du bulletin de l'Institut Fondamental d'Afrique Noire (tome
XXXII de janvier, tome XXXIII d'avril et tome XXXIV de juillet);
- Histoire des
Yalalbés( 105 feuillets, mss.7 et 50 feuillets, mss.11);
- Histoire du Fouta
Toro en 1921 (867 feuillets, mss.2 et3).
2) Manuscrits de caractère religieux (8
manuscrits); *
3) Manuscrits de caractère juridique ( 4 mss.
Dont un sur la
licité du tabac en l'usage modéré ("raf'i el
hazji").
4) Manuscrits de caractère scientifique sur la
médecine chez les Peuls, les Bambara et les Toucouleurs.
5) Manuscrits de caractère littéraire( 4mss.).
- Grammaire-commentaire de l"Alfiya" d'ibn Malek;
- Exégèse des "Mou'alaghatt";
-
Ouvrage sur les sciences métriques et prosodiques;
-
Un commentaire sur une oeuvre de Souyouti.
Lettré
torodo (1864-1945) Cheikh Moussa Kamara, ami et
disciple de Cheikh Saad Bouh, protégé du gouverneur de
Mauritanie Henri Gaden, "rédigea dans les années 1920, une Histoire des
noirs, le Zuhûr al-basâtin fi Ta'rikh al-Sawâdin
("Florilège au jardin de l'histoire des noirs").Elle narre les chroniques des jours de Sokoto, le Mali,
le Macina, la wagadou, le Mandé, Ségou, le Kaarta, le khasso, le Gajanga, le
Guidimaka, et le Hayré. Le volume I de cette monumentale oeuvre, consacré au
Fouta Toro, a été publié sous la direction de M. Jean Schmitz par les Editions
du CNRS à Paris en 1998.Ce travail de Titan place, assurément, Cheikh Moussa Kamara
au niveau des grand chroniqueurs "maliens" et "mauritaniens."
En tant que biographe Cheikh Moussa Kamara est pour la Mauritanie du sud ce
que Sid ahmed ould el Emine el Alawi, au début du siècle passé, a été pour la Mauritanie du Nord. Par
la diversité de ses écrits et son érudition universelle, il rappelle un autre
mauritanien, disparu il y a quelques années, l'encyclopédiste Mokhtar ould
Hamidoun.
1.2 Mali.
Les noms de Mahmoud Kati, d'Ahmed Baba et
d'Abderahmane Es-Saadi symbolisent le passé et le présent de ces manuscrits.
a) Mahmoud Kati est l'auteur du "Tarikh el
Fettach" ou chronique du chercheur qui retrace les événements du Soudan occidental au Moyen âge. 3.000
manuscrits, dont des originaux de sa main et des ouvrages de l'Askia Mohamed,
appartenant à l'historien Ismail Diadié Haidara est, depuis le 27 Septembre
2000, transformée en "Fonds Kati". Dans la note biographique,
Tedzkirett al Ikhwan ( le rappel des frères), sur sa famille d’Espagne il se
présente « … je m’appelle Mahmoud Ben Al Billahi Ziyyad al quouti al
Andaloussi al Wakari ». En effet, les Banu-l-qûti (Ka’ti) ont quitté
Toléde en mai de l’an 1468. Ali Ben Ziyyad, le père de Mahmoud Katu,
s’installait, aussitôt, à Goumbou en pays soninké. Il contracte mariage en
1470, mariage avec une Sylla, la mère de Mahmoud. Plus tard la famille des kati
se métisse avec des « renégats » portugais en 1591 et avec des
commerçants Séfarades à Fès en 1766.
b) Ahmed Baba a son nom lié avec le "Centre Ahmed
Baba de Tombouctou" crée, à l'initiative de l'UNESCO, par le gouvernement
malien en 1970. Le centre inauguré en 1973 et devenu, récemment,
l'"Institut des Hautes Etudes et de Recherches Islamiques", rassemble
et protège plus de 15 000 manuscrits. Il
est, à ce jour pour le nombre d'unités,
la plus importante institution spécialisée. En plus des documents provenant de
l'orient musulman, l'Institut renferme l'essentiel de la mémoire de l'Afrique
de l'Ouest et en particulier des mondes maure et touareg, haoussa, poular,
sonrai, soninké et manding. Tous les manuscrits sont écrits en alphabet arabe
quoique beaucoup de pièces sont rédigés
dans les langues soudanaises, le peul et le Sonrai surtout. Depuis mai
1997 il existe, parallèlement à l'Institut, une association culturelle et
scientifique dénommée "Club Ahmed Baba." Son but statuaire est de
"jeter les ponts entre les générations, entre les cultures, entre passé et
présent, francophones et arabophones, érudits et les autres..." Fils d'un exégèse du "medh"
de la famille Mohamed Aghit, Ahmed Baba
est né à Tombouctou le 26 Octobre 1556 ( certains historiens le font naître à
Arawan et en 1553.) A l'invasion de Tombouctou, en 1591, par les troupes
marocaines il est déporté en ce pays en 1593.Il est relâché en 1995 mais
interdit de séjour au Soudan. Il entreprend de rendre des "fatwa"
mais refuse d'exercer les fonctions officielles de "moufti".
Il rédige en sa résidence forcée au Maroc la moitié de ses 58 oeuvres. Il est,
enfin, autorisé, en 1601, à revenir au soudan où il s'éteint le 22 avril 1621.
c) Abderahmane es-Saadi est né le 28 mai 1596)
Tombouctou. Il achève son "Tarikh es-Soudan" en 1655 et serait mort
peu après. Mais contrairement à ses prédécesseurs, ce grand chroniqueur
n'aurait pas laissé de bibliothèque.
1.3
Mauritanie.
Difficile de faire le tour des manuscrits mauritaniens anciens. On se
contentera d'établir une liste
significative des ouvrages qui comptent et qui, pour la plupart; continuent
d'alimenter le savoir traditionnel dans les grandes écoles, instituts et
facultés modernes, mais aussi dans les "universités du désert", les
fameuses "mahadrah". Ces ouvrages-symboles font le bonheur de
tous les bibliophiles mauritaniens sont recherchés et pieusement conservés comme les "
joyaux" de la malle ou de la pièce des manuscrits.
a) Histoire des faits et idées.
- Le plus ancien est le
"siyasse ew el ichara fi
tedbiri el imara" ( la
politique ou les indications de la conduite de l'émirat) dont l'auteur Ebi Bakr
ibn Al Hassen Al Mouradi Al Hadrami serait le fameux El Imam al Hadrami,
conseiller écouté du chef almoravide
mort à Azougui en 489 de l'hégire. Le manuscrit, splendide traité de
machiavélisme avant Machiavel a été publié en arabe au Maroc en 1981. Un autre
auteur du sud-ouest mauritanien la "guebla", Cheikh Mohamed al Yedaly 1096 H/1685-1166
H/1753.) a écrit trois traités qui éclairent sur l'histoire de cet important
émirat, le Trarza, limitrophe du Sénégal. Ils ont pour titre"Chiyem Zewaya"( caractère des hommes de lettre ou
marabouts), "Amr al wali
Nasser ed-din"(les vertus de
Nasser ed-din ( c'est la version des fils de la partie vaincue en cette guerre
fratricide de trente ans), "Rissalet
en-nashiya"( épître du
conseil critique de la société maure du XVIII° siècle de l'ère chrétienne. Le
manuscrit publié, en 1911 par les édit. Leroux sous le titre "Chroniques
de la Mauritanie
sénégalaise, avec traduction française et notes par Ismaïl Hamet. En I990, le professeur
Mohameden Ould Babah les republie avec notes et présentation..
- Presque partout à travers
le pays des chroniques dans les mosquées, où les événements proches ou éloignés
étaient plus ou moins régulièrement consignés, ont joué un rôle significatif
dans l'enregistrement de l'histoire du pays et des contrées voisines. Parmi
elles celles de Néma et de Oualata, annotées et traduites par Paul Marty, et
Tichitt, annotée et traduite par Vincent Monteil, toutes trois publiées par la
revue des Etudes Islamiques.
- Les manuscrits
mauritaniens renferment des centaines de monographies tribales et plusieurs
ouvrages de biographies d'"ayan"(célébrités politiques, spirituels et
intellectuelles). Le plus remarquable recueil de biographies reste "Fath Choukour fi tarjameti Oudebaa tekrour" de Mohamed ibn el Benani el Bertely de oualata(
décédé en 1805) qui présente plus de 200 personnes qui ont vécu entre 1650 et
1800.
-
Les
collections des bibliothèques de Mauritanie contiennent des centaines de récits
de pieux relatant les heurs et malheurs
de leurs voyages aux Lieux saints. La plus célébre de ces chroniques reste
celle de la chronique deTaleb Ahmed ould Toueir al Jenna de Ouadane (mort en
1265H, 1849).Publiée, en anglais en 1977, par Norris qui a utilisé le manuscrit
2722 de l'IMRS, la chronique a été éditée au Maroc en 1995 dans sa version originale.
b) anthologies, recueils et odes.
-
Les
anthologies poétiques et les manuscrits de recueils sont souvent à la place d'honneur dans les
collections publiques et privées. Ils peuvent varier des louanges versifiées du
prophète (le "Medh"), aux odes traitant de l'amour courtois ou
de la complainte de l'exilé, jusqu'aux compositions codifiant la grammaire, le droit islamique
ou la médecine traditionnelle. Le plus
ancien poète dont on a conservé manuscrit de ses oeuvres est Sidi abdoullah ibn
Maham el Alawi Chinguitti (1O6O-1144 H) dont le "Diwan"( recueil) a été publié en 1886. Le célèbre traité de médecine
traditionnelle de Aoufa Ould Abou Bekrin
Ould Etfagha Massar (1780-1850) composé en 1182 vers est de la forme dite"En-Nadhem," "employée couramment pour les ouvrages didactique.. Le poème
"El' Omda"( la base, l'appui du médecin) qui existait
en 7 manuscrits a été traduite et publiée en français, en 1943, dans le Tome 5
du Bulletin de l'Institut Français d' Afrique Noire.
c) Ecrits religieux.
-
Mais le
gros lot des manuscrits mauritaniens,
localement écrits ou commentés dans les marges ou exégèses d'autres écrits d'ailleurs, sont ceux qui traitent de sujets strictement
religieux: sciences du coran ( copies du livres saints, exégèses des écritures
etc.), traditions du prophète ( "hadiths"proprement dits, biographies
du prophète etc.), "Figh" ( notamment nawazel, Fatawa sur
jurisprudence "mauritanienne"
et traités de malékisme) etc.
2) ETAT DES LIEUX ET
PERSPECTIVES.
L'état des collections et les perspectives
les concernant, seront envisagés par rapport au seul contexte mauritanien.
Cependant les similitudes de genres, d'époque, de conditions de conservation
présente, et, aussi, les faiblesses des moyens humains et financiers dont
disposent les institutions culturelles des pays francophones subsahariens
atténuent les disparités. A ce titre les solutions, que la Mauritanie découvrira
pour sauvegarder, puis valoriser son héritage en manuscrits, peuvent servir de
modèle aux autres pays de la région, confrontés à des défis comparables. Et qui
plus est la
République Islamique de Mauritanie est, comme le disait le
Directeur général de l'UNESCO, dans son appel en 1981, qui introduit l'opuscule
"Cités-mémoires du désert: campagne internationale pour la sauvegarde des
villes anciennes de Mauritanie", et nous citons le Professeur
Amadou-Mokhtar M'Bow, "( une)... terre carrefour où se rencontrent l'Andalousie,
le monde arabe et l'Afrique sahélienne..."
a) L'état.
* considérons d'abord les caractéristiques
spécifiques du "manuscrit mauritanien":
- Ambivalence des fonds. Cela peut aller, par
exemple, de l'ouvrage volumineux de plusieurs tomes, au menu reçu de
reconnaissance de dettes d'un quart de page. En cela, il ressemble au manuscrit
médiéval occidental qui n'établissait pas de démarcation entre le livre et le
document archivistique.
- Propriété et détention privées des Fonds. Les
collections publiques, avant la création de l'IMRS puis de l'ISERI, se
limitaient aux "Awghaf"des mosquées et de certaines cités
pré-coloniales. Toute approche de sauvegarde, ou autre, exige de se préoccuper,
en priorité, de l'encadrement, du soutien et du suivi des
"bibliothèques" privées.
- Patrimoine familial. Les collections constituent
un emblème, un écusson, un blason pour la famille, le clan ou la tribu. L'accès
en est réservé, quand la confidentialité de certaines pièces n'est pas totale.
- Importance et extrême dispersion. Au minimum, la Mauritanie compte, tous
genres confondus, entre 80.000 ET 90.000 manuscrits dont 80 pour cent de Fonds
privés selon les estimations de l'IMRS.
* Abordons les dangers qui menacent les manuscrits
et les efforts déjà entrepris.
-"En Mauritanie, où la masse des manuscrits
anciens dépasse en volume et en importance ceux des autres pays du Sahel, un
travail d'identification et de sauvegarde a été entrepris, avec persévérance et
succès, par les chercheurs et les spécialistes aussi bien mauritaniens
qu'étrangers..." nous dit M. Attilio Gaudio ce grand connaisseur de la Mauritanie et du
Sahara. Et ils en avaient bien besoin, ces manuscrits mauritaniens victimes du
prestige tout nouveau de l'imprimé, de la dépréciation des disciplines
traditionnelles dont ils étaient le matériel didactique par excellence.
L'action de réhabilitation est venue de trois directions complémentaires:
L'état mauritanien seul ou en coopération avec des partenaires étrangers, les
familles ou communautés propriétaires de Fonds de manuscrits, des mécènes de
l'extérieur sensibilisés, pour une raison ou une autre, par les déplorables
conditions de conservation des manuscrits.
Depuis
1974, les pouvoirs publics mauritaniens ont crée l'Institut Mauritanien de Recherches
Scientifiques( IMRS) avec, entre autres missions, de se charger "... de la
collecte des manuscrits, de leur micro-filmage, de l'établissement de leur
inventaire et de leur exploitation..." Entre les années 1978 et 2000, l'IMRS a pu acquérir
prés de 8000 manuscrits sur fonds propres et assurer, en 1990-94, le catalogage
de 250 de ses manuscrits grâce à un financement espagnol. Avec l'aide de la République fédérale
allemande, l'IMRS a réalisé le micro-filmage de 2500 manuscrits et le
micro-fichage de 250 autres. Avec des financements français( publics et
privés), l'Institut a pu mener à bien l'inventaire complet de 1200 manuscrits
au Tagant et au gorgol et 2.000 autres en Assaba. Avec la même coopération
française un catalogage est en cours pour les 4.000 manuscrits de Chinguetti et
Ouadane en Adrar. L'Imrs a bénéficié également d'aides ponctuelles de L'Unesco
et d'une organisation islamique de
Londres, "Al Furqan Islamic héritage", pour diverses actions.
Les
propriétaires de bibliothèques se remarquent, de plus en plus, par un activisme
tout nouveau-né de leur prise de conscience de l'importance ( historique,
affective et comme élément de prestige, mais économique aussi) de leurs trésors
familiaux en manuscrits. Depuis les années 80 du siècle passé, on a constaté de
leur part, sur fonds propres ou par aide des actions sérieuses de
réhabilitation de certaines importantes bibliothèques traditionnelles comme:
1° La
fondation Cheikh Mohamed el Mamy à Nouakchott;
2° La
bibliothèque Ehl Habott ) à Chinguetti;
3°La Zaouiya de Sidi Abdoullah
Ould Hadj Brahim à Tidjikja;
4°la
bibliothèque Ehl Taleb Mohamed à Tidjikja;
5°la
bibliothèque commune d'Ehl abd El Moumen à Tichit;
6° la
bibliothèque de Haroun Ould Cheikh Sidiya à Boutilimit( objet d'un catalogage.)
Ajoutons, pour terminer avec les grandes réalisations des bibliothèques
privées, leur initiative de créer, en 2000, une Association nationale, pour
traiter comme pool tant avec le
Gouvernement mauritanien, qu'avec tout autre partenaire.
Une
action individuelle menée par le spécialiste allemand, Ulrick Rebstock en
collaboration avec Ahmed Ould Mohamed Yahya responsable du département des
manuscrits à l'IMRS, pour le compte de "Al Furqan" mérite d'être
mentionnée. IL s'agit de la publication en 1994, à Londres d'un catalogue
intitulé "Hand lists of Islamic manuscripts in Shinqit and Wadan". Le
catalogue décrit 1406 manuscrits selon
les normes internationales de catalogage. Al furqan a publié, également, dans
son "volume IV of World Survey of Islamic manuscripts" En ce volume l'équipe d'Al Furqan a visité
13 localités, répertorié 2239 manuscrits de 96 bibliothèques. Mme Balagna,
ancienne responsable des manuscrits à l'Institut du Mon de Arabe assure que le
document "... (est) un travail de valeur capitale pour l'histoire de la Mauritanie et celle du
Livre arabe..."
b) Perspectives
Il n
y a, assurément, pas de perspectives sans une politique claire, programmée et
réaliste de sauvegarde puis de valorisation des manuscrits. Cette politique
exige:
- De faire le bilan des diverses actions déjà
entreprises;
- Faire un recensement de ce qui reste à faire;
- Faire des actions suivies, balisées
juridiquement (par conventions, législation interne).
- Pallier l'absence de personnel local qualifié
par une formation théorique et pratique( gestion des bibliothèques, inventaire,
catalogage, micro-fichage, encouragement des vocations.
Pendant
longtemps les adversaires de cette politique niaient l'importance et l'urgence
de la sauvegarde du patrimoine écrit, de l'Afrique de l'ouest en général et de la Mauritanie, en
particulier. Ils arguaient que "les manuscrits étaient des redondances
(copies et/ou copies de copies) d'anciens ou textes trop récents ( XIXe ou XXe
siècles) ou qu'ils ne traitent que de sujets islamiques". Bien sûr nous
nous opposons à ces théories dont les motivations, sans doute spécieuses, sont
difficilement avouables par leurs avocats.
Pour
la sauvegarde-valorisation du patrimoine mauritanien de manuscrits nous nous
limiterons à présenter trois actions significatives à notre gré.
- Le ministère de la culture et des affaires
islamiques a défini sa "stratégie quinquennale d'action culturelle
1997-2001", en matière de
manuscrits comme suit:
* Collecte des manuscrits auprès de leurs
détenteurs;
* Publication de ceux
dont l'originalité est avérée;
* Appui aux bibliothèques privées;
* Création de centres de manuscrits dans les
villes et villages de l'intérieur; mise
à la disposition des scientifiques des manuscrits, mise en place d'un
laboratoire de restauration des ouvrages abîmés.
Et comme le disait avec son increvable humour et
sa très grande sagesse, le professeur émérite Théodore Monod: "Les
manuscrits conservés en Mauritanie n'ont pas attendu
D'être découverts..."
Mohamed -Said ould Hamody
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