mercredi 13 janvier 2016

Mauritanie : MAME NDIACK ELIMANE ABOU KANE "Le roi plus quelque chose"1894 / 1976

 Mame Ndiack est né enMauritanie : Mame N’diak Elimane Abou Kane « le roi plus quelque chose » 1894 / 1976 1894 à Wouro Elimane Kane (actuel Darel- Barka), dans une grande famille aristocratique. Son père Elimane Kane, ancien chef de canton, était originaire de la province de Dimar, sa mère Déffa Ly est originaire de Mboyo.Mauritanie : Mame N’diak Elimane Abou Kane « le roi plus quelque chose »
Le jeune Saidou Elimane Kane, comme l’appelait son père, fut formé à l’école coranique avant d’être envoyé dans des écoles d’Interprétariat à enseignement accéléré au Sénégal ou il Obtint le diplôme d’Interprète qui lui permit de travailler au Sénégal et, plus tard, au Mali dont il fut rappelé en 1923 par son père pour, sans doute, prendre la relève car, quelques temps plutard, il fut intronisé chef de canton en remplacement de son défunt père.
Grace à son expérience administrative sous régionale, celle acquise auprès de son père, par l’excellente qualité de ses relations avec la population, par son génie propre et surtout sa parfaite connaissance du milieu maure et foutanké, le tout nouveau chef de canton conquit rapidement les cœurs de ses concitoyens.
La première grande réussite de Mame N’diack fut celle d’avoir su réconcilier une population très divisée (conséquences de la méthode coloniale « diviser pour régner »).
Grace à lui certaines populations qui avaient abandonnées leurs territoires pour fuir la colonisation avaient pu rentrer chez eux, en exemple la tribu des Oulads Abdallah revenue par la suite après leur départ en exil avec l’Emir Ahmedou Ould Sidi Ely, lors de la pénétration française et ce malgré la résistance de certains Administrateurs coloniaux restés encore hostiles à cette tribu guerrière.
Homme de consensus et grand médiateur, Mame Ndiack intervint souvent sur demande des administrateurs coloniaux, pour résoudre certains conflits épineux. C’est d’ailleurs à l’occasion de la résolution d’une dissension au sein des halaybes que ces derniers furent rattachés à la province du Toro en 1942, permettant ainsi à Mame Ndiack de régner sur un gigantesque canton dénommé « Canton du Toro-Halaybe », limité à l’Ouest par le Canton de Dimar (plus tard Canton de Tekane) et à l’Est par la province du Law aux tamariniers de Wuslang. D’aucuns poétisaient ces limites en disant : « de Ganki Toro à Ganki Baba Doudé ».
Grand combattant pour la scolarisation des enfants, Mame Ndiack, lançait souvent à ses concitoyens « ce sera par l’école, et non par l’héritage des charges traditionnelles, que le pouvoir se transmettra ». Grace à lui la pluparts les enfants de l’immense canton qu’il commandait furent scolarisés (Il y veillait personnellement).
C’était, de par une merveilleuse contribution de visionnaire de ce que sera la Mauritanie indépendante avec la formation de ses futurs cadres, de sa conception moderne de l’Etat, qu’il avait consenti un effort inlassable à la création d’écoles à Darel-Barka, Boghé et autres, vers les années 50.
« Homme de compromis » comme disait l’imminent professeur feu Oumar Ba, Mame N’Diack est, à maintes reprises, intervenu auprès des Administrateurs coloniaux de l’époque pour alléger les impôts prélevés sur les populations autochtones ; ce qui lui a valu chaque fois les reproches de ceux-ci sans avoir jamais accepté de plier sur l’essentiel, car aimait-t-il répéter « Je ne crains qu’Allah et je n’ai aucune autre crainte ».
Homme juste, Mame Ndiack, refusait toujours de rendre justice, lui-même. Ainsi fera t’il appel à des marabouts férus dans la Chari’a pour s’occuper des affaires judiciaires. Les juges étaient Thierno Amadou Tiernel Hane, de Gamadji et Thierno Idrissa Baïdy Penda, de Lérabé. Ismaél Ould Sidi Abdellahi, Directeur Général de l’Institut Islamique Sunnite de Boutilimit, dira que « Mame Ndiack est comme son père, par le fait qu’il n’a jamais, de par sa responsabilité, commis une injustice envers un sujet. Il n’est pas du tout attaché à la vie d’ici-bas, car il a vécu comme un étranger ou un transitaire dans ce monde ».
Homme de foi et de cœur , Mame Ndiack était respecté et aimé par tous, voilà pourquoi le grand historien le Docteur Feu Saidou Kane écrivait dans le témoignage qu’il avait rendu à Feu Mame Ndiack à l’occasion de la célébration du 30ème anniversaire de la disparition de ce dernier, le 1er mai 2006 : « Cet homme est l’incarnation de la justice. Homme juste devant Dieu et riche d’une rare humanité dont la charge politique et temporelle vous empêche de voir sa cachée. »
Mame Ndiack disparut le 1er mai 1976 laissant derrière lui neuf enfants et surtout un modèle de droiture, de pieuté, de justice et d’intelligence qui nous rappelle les propos d’El Hadj Saidou Nourou Tall- que Dieu l’accueille en Son Saint Paradis- qui dit un jour en substance « Ah ! si vous saviez ce que je sais, vous le parfumerez et souhaiteriez profiter de la grâce divine descendue en lui, en demandant à Dieu de le garder le plus longtemps parmi vous». « Oo, wonaa laamDo ! Ko LaamDo e huunde ! » (Il n’est pas un roi ; C’est un roi plus quelque chose).
En sommes Mame Ndiack Elimane Kane fut un administrateur hors père, dont la connaissance, l’honnêteté, les compétences, l’engagement et le génie ont marqué tous les hommes de son époque. Tous les grands hommes de sa génération lui vouaient un respect digne de son rang. Ce respect – qu’il a gagné par sa sagesse auprès des Mauritaniens- lui a été renouvelé par Feu Maître Moctar O/ Daddah, premier Président de la Mauritanie, en le laissant Chef de Canton de Darel-Barka à vie.

Saidou Nourou SARR

Afrique midi

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