vendredi 8 janvier 2016

Jadis, fut ! Vie et œuvre de Thièrno Amadou Mokhtar Sakho

Jadis, fut ! Vie et œuvre de Thièrno Amadou Mokhtar Sakho
Son enfance. 

Amadou Mokhtar Sakhoest né à Ségou vers 1867 dans une grande famille maraboutique, son pèreMokhtar Abdoulayeoriginaire de Sinncu Halaybe portait le titre religieux de Ceerno Bismor et sa mèreAîssata Cissé Draméétait une soninké originaire de Teysibi auGuidimakha

La mort de son père ( en 1885 à Sansanding) et de plusieurs membres de sa famille permit aux sakhobe d’obtenir du « commandant des croyants » (laamdo Juul6e) une exemption de tout service militaire afin d’éviter l’extinction de leur lignée masculine. 

Amadou Mokhtar Sakho grandit, ainsi, dans un environnement pieux, fortement attaché au Coran et à la Sounnah ce qui lui permet d'obtenir une éducation religieuse solide. 

Sa formation

Il quitta Ségou vers l’âge de 21-22 ans, pour poursuivre ses études coraniques. Son premier voyage fut réservé au Fouta le pays d’origine de son père ; il y fréquenta plusieurs écoles (dudde ) dont l’école de Chekhou Bokar Sambunde et de Chekhou Seydou Faawando à Kaedi. 

Ayant choisi de s’espécialiser en Fiqh, Amadou Moktar Sakho suivit naturellement l’enseignement de celui qui était considéré comme un des plus grands érudits en la matière dans la sous région, Cheikh Harith Al Hassan, des Idab Al Hassan du Trarza. 

Il resta plusieurs années avec ce dernier, jusqu’ à l’obtention de son diplôme de « Lidjas » ce qui lui permit de se perfectionner dans le Fiqh devenant ainsi l’un de ses plus grands spécialistes dans la sous région.

Durant les années passées auprès de son Cheikh, Amadou Mokhtar Sakho( homme de confiance de Cheikh Harith) s’occupait aussi de la gestion du commerce de celui-ci. Il se chargeait de la vente de ses gommes dans les escales de Dagana et Richard Toll en échange de produits manufacturés. Cette expérience commerciale lui permettra de pratiquer le métier de commerçant « Jula » avant sa nomination à la fonction de Qadi.

Grace à ses compétences en commerce, ses riches et multiples relations et ses différentes rencontres avec plusieurs érudits et chefs religieux parmi lesquels Cheikh Mamadou Alpha Kane de Galoya, son futur beau père, Thierno Hamet Baba Ly de Thilogne et Thierno Amadou Mokhtar de Nguidjilogne , il acquit une grande notoriété qui lui ouvrit les portes de l’administration coloniale.

Le Cadi supérieur hors classe de Boghé

Amadou Mokhtar Sakho fut, ainsi, nommé successivement cadi à Regba (1904), cadi supérieur de Regba (1905-1906) et de Boghé (1906-1919), cadi supérieur hors classe de Boghé(1919-1934) et président du tribunal noir de subdivision du premier degré en matiere civile et commerciale (1924).

Homme de rigueur, de conciliation, de grande connaissance du droit musulman, il réussi a gagner la confiance de la population et de l’administration coloniale. Le résident Freinin Levin écrivait d’ailleurs à propos de lui en 1914 « jouit d’une réputation de science et d’intégrité qui ne paraît pas usurpée. Du Tagant au trarza, les plaideurs ayant un différent à régler, déclarent accepter d’avance sa décision, chaque fois qu’il est possible de les envoyer en conciliation ».

Thierno Amadou Mokhtar Sakho est resté incontestablement l’un des meilleurs spécialiste en droit musulman dans la vallée. Grace à sa notoriété, son aura auprès de la population plusieurs conflits divers furent évités ou résolus sur les deux rives du fleuve Sénégal. 

Homme de consensus et d’ouverture, il forçait l’admiration et le respect de tous. Son respect et dévouement à l’administration coloniale lui valut d’être présenté par les colons comme «collaborateur model». Il reçut plusieurs hautes distinctions dont la dernière fut « officier de la légion d’honneur » le 14 janvier 1931.

L’homme de lettre, de science et de culture.
Le génie de Thierno Amadou Mokhtar Sakho, c’est d’avoir concilié l’enseignement islamique avec l’administration coloniale. Il avait l’habitude de suggérer cette sagesse Peulh à ses détracteurs « fuuntondirde e gañomum ngam humtude haajumum ». C’est grâce à cette stratégie de triomphe par la voie pacifique que la Tarika Tijjania (dont-il se considérait comme héritier légitime) s’imposa comme confrérie dominante dans la vallée du fleuve Sénégal au détriment de la Qadriya.

Thierno Amadou Mokhtar Saklho fut l’un des plus grands spécialistes en droit musulman dans la vallée. Le « dudal galle Sakoobe » de Boghé était un carrefour ou se côtoyaient des étudiants venus de toutes les contrées de la sous région. 

Le maître, polyglotte, parlait couramment neuf langues dont l’arabe et le français) y enseignait toutes les disciplines (le coran, le Fiqh, l’écriture, les sciences et la psalmodie coranique, la grammaire arabe, la rhétorique, la poésie et la littérature, le hadith et l’explication du texte coranique, la logique, l’art de l’élocution, la théologie, la logique, l’astrologie…).

Parmi ses disciples, on peut citer Amadou Mountagha Cheîkh Omar Tall, puis son fils Mountagha Amadou (Khalife général de la famille Omarienne de 1980 à 2007), El hadj Amadou Tidjani Wone ; El Hadj Seydou Nourou Tall, El Hadj Abdoul Aziz Sy , Thierno Lamine Djigo de Demett, Thierno Mamadou Lamine Coumbayel Sow de Sabbo Allah, Alpha Yéro Koudeeje Bah de Ndumbul-Meri, Alpha Galo Moddi de Daka Law, Thierno Muhaaji Diallo de Olol Jawbe…

Amadou Mokhtar Sakho décéda le 31 décembre 1934 à l’hôpital de L’Isle de Saint Louis et fut enterré au cimetière de Guet Ndar. Sa tombe est encore entretenue par sa descendance. 

Seydou Nourou Sarr

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